Laurent Durupt

Dronocracy Featured

Laurent Durupt

 piece for staged actors, musicians and video

Sketches

Performance musicale, vidéo et théâtrale, Dronocracy de Laurent Durupt sera créée le 29 mai 2018  la Comédie de Reims. S’inspirant de l’essai La Théorie du drone de Grégoire Chamayou, le compositeur y interroge notamment les usages parfois inquiétants que ce nouvel objet volant a engendrés notamment dans le domaine militaire et celui de la surveillance. Mais ce n’est pas tout puisqu’il s’intéresse aussi aux effets hypnotiques sur l’auditeur d’un autre drone, musical celui-là… 

Recording excerpt:

Laurent, d’où vous est venue l’idée de Dronocracy ?

Ce projet était latent chez moi depuis l’émergence de ce terme de « dronocratie », né aux États-Unis lorsque Barack Obama a développé l’utilisation militaire des drones : une décision qui s’accordait mal avec l’ouverture que promettait par ailleurs son arrivée à la Maison Blanche… C’est à cette époque que j’ai acheté le livre de Grégoire Chamayou, La Théorie du drone, sur lequel s’appuie en partie notre travail. Ce type de préoccupations a donné naissance à des objets comme PrivEspace (2016), installation qui envisage de manière plutôt « ludique » la question de la surveillance. Mais mon souci, dans Dronocracy, est d’ordre plus spécifiquement sonore, ne serait-ce que par la résonance musicale de ce terme « drone » [qui signifie aussi « bourdon », « son continu », ndlr]. En musique, le drone induit un type de rapport au temps que je trouve intéressant, et avec lequel je me sens intimement en phase : ces longues durées invitent à un type d’écoute qui n’est pas forcément raccord avec une certaine tradition de la musique écrite européenne.

Le drone est en effet très rattaché à la musique minimaliste américaine, et à ces compositeurs qui, sur les traces de La Monte Young, se sont beaucoup inspirés de traditions extra-occidentales, à commencer par la musique indienne…

Pour ma part, je suis venu à la drone music via la musique spectrale et la musique répétitive : en un sens, on pourrait dire que le drone est un mix de ces deux univers. Ce qui me plaît dans cette musique, c’est qu’elle met l’auditeur dans un état méditatif qui est d’ordre « infra-mental ». Elle offre un moment où l’on se déconnecte de toutes ses pensées parasites. Cela ne veut pas dire pour autant que j’y aie recours très fréquemment dans ma musique ; je fais aussi des choses plus « classiques », du moins plus proches d’un discours traditionnel – je travaille par exemple actuellement à un quatuor à cordes. Mais j’avais envie d’explorer ce versant-là dans Dronocracy : le rapport à la microtonalité, à tout ce qui est « micro » dans la texture – puisque la durée permet d’étirer beaucoup le matériau, et laisse le temps de rentrer profondément dans le son.

Read the entire interview by David Sanson at https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/2018/04/drone-de-drame-entretien-avec-laurent-durupt-compositeur/

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Commande de l’EIC, en coprod avec La Comédie de Reims et Césaré CNCM

Last modified on 07.Oct.2019

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